Pourquoi certains pilotes ont pratiqué “l'abordage volontaire en vol” ?

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Pendant la Seconde Guerre mondiale, certains pilotes — notamment soviétiques — ont pratiqué une manœuvre extrême et terrifiante : l’abordage volontaire en vol, ou taran en russe. Cette technique consistait à percuter l’avion ennemi avec son propre appareil, souvent lorsque toutes les autres options étaient épuisées : plus de munitions, moteur en feu, ou situation désespérée. Contrairement au mythe, il ne s’agissait pas toujours d’une attaque suicide.Le taran naît dans les premières années du conflit, à un moment où l’URSS est prise de court par l’attaque allemande de 1941. L’armée de l’air soviétique, alors inférieure technologiquement à la Luftwaffe, manque d’appareils modernes et de pilotes expérimentés. Dans ce contexte, certains aviateurs n’ont qu’un seul moyen de neutraliser un adversaire mieux armé : le frapper de plein fouet.Mais l’abordage volontaire n’était pas un acte aveugle. Il demandait une maîtrise exceptionnelle et un courage presque insensé. Le pilote soviétique visait généralement la queue ou l’aile de l’avion ennemi, cherchant à le détruire sans provoquer l’explosion immédiate de son propre appareil. Certains utilisaient même l’hélice pour sectionner le gouvernail de l’adversaire, espérant conserver assez de contrôle pour s’éjecter ou effectuer un atterrissage forcé.Le premier taran documenté eut lieu le 26 juin 1941, quelques jours après le début de l’invasion allemande. Le lieutenant Viktor Talalikhin devint un héros national après avoir abattu un bombardier Heinkel 111 en percutant son aile, puis réussi à sauter en parachute. Cet exploit, largement relayé par la propagande soviétique, transforma le taran en symbole du courage patriotique absolu. Des centaines de pilotes l’imitèrent ensuite, parfois jusqu’à y laisser la vie.Il faut aussi comprendre la dimension psychologique et idéologique de cette tactique. Dans une guerre où chaque acte héroïque servait à galvaniser le peuple, ces abordages prouvaient que la détermination pouvait l’emporter sur la technologie. Les journaux soviétiques en firent des récits épiques : le corps comme arme ultime, la volonté comme moteur.Au total, on recense plus de 500 abordages volontaires durant la guerre, dont près de la moitié furent survivants. Certains pilotes réussirent même plusieurs tarans.L’abordage volontaire en vol incarne ainsi l’extrême du combat aérien : un mélange d’ingéniosité, de sacrifice et de désespoir. C’était une arme de la dernière chance — mais aussi une démonstration éclatante de la foi absolue de ces pilotes en leur mission. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.

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