[Intimement confinés #11] "Eloge du confinement". Nicolas Pasquet

Savoir lui dire, le podcast - Een podcast door Emilie Soulez

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27 avril 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Nicolas Pasquet, co-fondateur de MAK'INOV. "Le confinement qui nous est imposé, à l’intérieur d’espaces, petits ou grands, ouverts ou non, en fonction de là où nous nous trouvons, est source de ressentis paradoxaux. Il est vécu à juste titre, sans doute par beaucoup, comme une privation de liberté. Il génère des sensations d’angoisse, d’asphyxie, voire des situations d’exclusion, de réclusion sur soi-même, de distance avec les Autres et peut-être aussi, par voie de conséquence, de distance avec soi. Pour d’autres, a contrario, cet enfermement représente un temps suspendu propice au recueillement, à la contemplation, aux retrouvailles, et avec soi, et avec ses proches, parents, enfants, maris, femmes, amis. J’y vois pour ma part un espace inconditionnel fertile aux mondes des idées, à la noosphère, l’univers des idées, car les idées forment des systèmes, qui peuvent être selon Edgar Morin, clos (telles les doctrines) ou ouverts (telles les théories). L’arrêt momentané d’un état social cadencé par un temps en accélération constante, a pour incidence de mettre en pause, une vie, certes excitante, trépidante le plus souvent, mais en ébullition permanente, une sorte de mouvement perpétuel, que seule la nuit vient interrompre. L’arrêt que nous vivons, pour providentiel qu’il soit, pas pour tous, bien malheureusement, contribue au dépôt progressif de toutes les fines particules de pensée qui étaient jusqu’alors en suspension, à peine au-dessus de nos têtes. Certes, l’effet ne fut pas immédiat. Il a fallu que l’air cesse d’être ventilé. Le principe d’inertie dira-t’on ! Aujourd’hui, je ressens les effets de cet arrêt providentiel qui coïncide avec la reprise de mon activité cérébrale. Une interruption pour un redémarrage. Aussi, ce temps nouveau est marqué d’une part, par un immobilisme physique, et d’autre part, par un dynamisme mental. Les idées, amassées depuis le début de ma vie, toutes mes expériences et leurs ressentis, depuis toujours en apesanteur, ont fini par se déposer pour former entre eux des débuts d’histoires. Pour fomenter de nouvelles idées. Par devenir intelligibles, c’est-à-dire, en reprenant l’étymologie intelligere, par créer des liens entre elles, et en faire apparaître de nouveaux. Pour résumer mes propos, je détournerai et prolongerai les mots célèbres du poème d’Alphonse de Lamartine, le Lac. « Ô temps, suspend ton vol, et vous, heures propices, suspendez votre cours », et permettez alors, à nos idées oubliées, à nos réflexions abandonnées, de se retrouver, pour former à présent, ce pourquoi elles étaient, sans doute venues jusqu’à nous, forger nos croyances, nommer l’invisible, éclairer nos vies, et nous en faire acteur. Noosphérique n’est-ce pas !" Nicolas Pasquet Maisons-Alfort, le 25 avril 2020

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