[Intimement confinés #5] "Introspection". Thierry Bilisko
Savoir lui dire, le podcast - Een podcast door Emilie Soulez

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18 avril 2020. En plein confinement face au COVID19, un texte écrit et lu par Thierry Bilisko. Un beau jour ou peut-être une nuit… Se retrouver seul. Seul face à soi. Seul face à soi-même. En introspection. En auto-analyse. En exploration intérieure. Au plus profond de son être. Se regarder. Se regarder en face. Fixer les yeux de celui que le poète appelle son pire ennemi dans le miroir. Sans peur. Faire le point. S’arrêter et faire le point. Les poings serrés ou les mains ouvertes. Faire ce fameux point. Celui dont tout le monde parle. Sans l’avoir trop défini. Faire en sorte que le point d’interrogation devienne exclamation ou suspension. Regarder derrière soi. Mais regarder derrière soi pour se nourrir, pour avancer. Pas pour marcher à reculons, dos à l’avenir et négligeant le présent. Se servir du passé pour construire son avenir. Sans négliger pour autant le présent. Le présent. Ce temps si important parce que furtif. Le seul temps sur lequel on a un impact. Celui que l’on ressent sur l’instant, avec ou sans tact. Celui qui nous arrive, qui nous enveloppe, qui nous attaque. Le seul qui nous rend réellement responsable de nos actes. Le seul qui nous permet de jouir. Le passé est passé et l’avenir est à écrire. Le passé se lit, le futur s’écrit, le présent se vit. Les souvenirs du passé peuvent être heureux. La perspective d’un avenir peut être joyeuse. Mais seul le présent peut nous offrir le frisson de l’instant. De l’éphémère. De la magie de l’éphémère. De l’instant qui à peine passé appartient déjà au passé. Carpe Diem. Sucer la moëlle épaisse de la vie, dit le poète. Oh capitaine. Se regarder sans pour autant se regarder le nombril. Sans pour autant s’égocentrer. Se regarder pour se comprendre. Pour s’éclairer. Chacun sa lanterne pour éclairer le chemin qui s’ouvre sous ses pieds. Se comprendre sans jamais s’oublier. Comprendre ses envies profondes, ses besoins les plus essentiels. Ne jamais s’oublier pour quelqu’un ou derrière quelque chose. Ne jamais s’oublier. Ressentir. A nouveau. Re-sentir. De nouveau. Ne pas s’oublier, jamais, sans pour autant tout ramener à soi. Sans se baser sur son seul ressenti et sa subjectivité inévitable. Le Monde ne tourne pas autour de moi. C’est moi qui danse sur le Monde. C’est moi qui danse. Et je danse le Monde. Et je danse avec le Monde. Et je vole au-dessus du Monde. Je survole le Monde. En parfaite harmonie avec lui. En osmose. Je ne subis pas le Monde. Je le vis. Je le respire. Je m’osmose à lui. Je me métamorphose en lui. Je me juxtapose à lui. J’oublie mes névroses grâce à lui. J’ose avec lui. J’ose être lui. Le Monde et moi ne formons plus qu’un. Je suis le Monde et il est moi. Il est mien. Et je vole. Je m’envole. Les pieds sur terre et la tête dans les étoiles. Je tourne et retourne. Sans me retourner. Laissant loin derrière mon passé. Sans souci de l’avenir. Focalisé sur mon présent. Celui que je construis, ici et maintenant. Avant qu’il ne soit que passé. Heureux ou regret. Je danse. Je vis. Je danse avec la vie. Thierry Bilisko